2018 75 ème anniversaire

 

Commémoration du 75ème anniversaire de la mort de Danielle Casanova 

9 mai 2O18

https://www.youtube.com/watch?v=1pzpcdBxOuI

 

Les « Amis de Danielle Casanova-Histoire et Mémoire »Vous invitent à participer à la commémoration du 75ème anniversaire
de la mort de Danielle Casanova ;à Vistale, hameau de Piana, le mercredi 9 mai 2018, à 11 heures

10h50 : Mise en place des portes drapeaux et des autorités civiles et militaires

11h00 : Allocutions

  • Aline Castellani, Maire de Piana

  • Isaline Amalric-Choury, présidente des « Amis de Danielle Casanova »

  • Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse

  • Gilles Simeoni, président du Conseil Exécutif de Corse

  • Jean-Philippe Legueult, Secrétaire général de la Préfecture de Corse


11h15 : Dépôt de gerbes

  • ANACR 2A

  • Mairie de Piana

  • Amis de Danielle Casanova

  • Présidence de l'Assemblée de Corse

  • Présidence du Conseil Exécutif de Corse

  • Préfecture de Corse

11h20 Sonnerie aux morts, minute de silence, la Marseillaise

11h25 Lectures et chants (pour écouter l'enregistrement des voix de Mathieu Amalric, Virginie Ledoyen et Hyppolite Girardot, cliquer sur www.grosfichiers.com/7LA06D1ui05OU

  • Le Chant des partisans, version corse, interprété par Laurent Matteaccioli. ET dépôt de fleurs par les enfants de l'école de Piana

  • Lella n° 31655 de et par Rosana Cesari et Jean Mattei- Alte Voce

  • Propos de Geneviève de Gaulle Anthonioz lus par sa fille Isabelle Gaggini

  • Le chant des Marais interprété par  Laurent Matteaccioli

  • Verità interprété par Rosana Cesari et Jean Mattei- Alte Voce

  • Musée Grévin de Louis Aragon lu par Mathieu Amalric

  • Nuit et Brouillard interprété par  Laurent Matteaccioli

  • Quelques citations extraites des lettres de Danielle lues par Virginie Ledoyen

  • Témoignage de Noelle Vincensini, déportée à Ravensbruk

  • Terra d'Asiliu interprété par Rosana Cesari et Jean Mattei- Alte Voce

  • Au rendez-vous allemand de Paul Eluard, lu par Hippolyte Girardot

  • Bella Ciao interprété par Laurent Matteaccioli., repris en choeur par les participants

  • Dio vi salve regina interprété par Laurent Matteaccioli, avec le choeur des participants

12 h15 : Retour vers la maison de famille de Danielle

  • Hyacinthe Choury : Remerciements et assemblée générale de l'association

  • Buffet

Mausolée de Danielle Casanova- Accès depuis Vistale ou le bas du village de Piana

 

 

LES ALLOCUTIONS

 

 

Aline Castellani, Maire de Piana

Hier dans nos villes et nos villages nous nous somme recueillis pour rendre hommage aux enfants de Corse morts pour la France au cours de la 2ème guerre Mondiale et ils furent nombreux…
Danielle CASANOVA en fait partie.
Comme elle le fait chaque année, la Municipalité s’associe à sa famille, pour rendre un hommage appuyé à Danielle CASANOVA morte au camp d’AUSCHWITZ le 9 mai 1943.
Nous sommes ici à l’endroit où l’on domine la Marine de FICAJOLA qu’elle aimait tant, c’est ici que reposent ses cendres.
C’est également ici que viennent se recueillir de nombreux visiteurs pour honorer Danielle  CASANOVA qui reste un exemple de dévotion dans le monde de la Déportation et une figure légendaire de la résistance française.
Cette résistance qui a été liée à l’histoire de France nous rappelle que pendant les heures les plus sombres certains étaient prêts à se battre contre une situation insoutenable.
La résistance c’est également de ne pas oublier ces personnes qui ont sacrifié leur vie pour la Liberté en leur rendant hommage comme nous le faisons aujourd’hui ici pour Danielle CASANOVA.
Aujourd’hui nous ne rendons pas seulement hommage à leur courage héroïque mais également à cet idéal de Liberté pour lequel ils se sont battus.
Danielle CASANOVA a donné sa vie pour résister à l’oppression, pour refuser la soumission, Elle a donné sa vie pour la PAIX et la fraternité des peuples.
Danielle CASANOVA est pour nous tous un exemple à suivre.
C’est pourquoi le devoir de mémoire doit demeurer une priorité pour chacun d’entre nous.
La transmission de ces témoignages constitue un acte citoyen symbole de notre attachement aux valeurs républicaines.
N’oublions jamais que les hommes et les femmes qui se sont battus pendant la 2ème guerre mondiale voulaient un monde plus juste, un monde plus libre, un monde plus humain.
N’oublions jamais que les hommes et les femmes qui se sont battus pendant la 2ème guerre mondiale ont sacrifié leur vie pour la Liberté et rendant leur hommage comme nous le faisons aujourd’hui ici pour Danielle CASANOVA.
Je vous remercie
 

Isaline Amalric Choury

Cette année, j'ai choisi de vous parler de la personnalité de Danielle née Vincintella Perini à Ajaccio et surnommée Lella.

Lella enfant était un mélange de passion et de raison. Sa tête fonctionnait aussi bien que son coeur battait fort. Son amour de la liberté et sa haine contre toute injustice, qui, s'est manifesté dès son jeune âge, ont été déterminants pour l'orientation de sa vie .

Bouleversée à la lecture de la case de l'oncle Tom, elle tape du pied et crie « c'est pas juste ! », même indignation lorsque sa mère punit son frère André et qu 'elle estime que la punition est injuste...

Mais Danielle, telle que l'ont évoqué ses plus proches compagnes de lutte, c'était également l'optimisme, l'enthousiasme , la passion et la joie de vivre .

Dans ses yeux noirs brillait la décision, la sincérité mais également la douceur. Sa poignée de main virile était celle d’un homme, d’une camarade mais son sourire avait quelque chose d’une gaîté enfantine, l’art de savoir se réjouir du bleu du ciel.

De cette intellectuelle, de cette personnalité de grand style, rayonnait un charme enchanteur. Elle n’avait pas le retranchement des intellectuels mais au contraire, une façon particulière d’approcher et d’attirer à elle les couches sociales les plus différentes, les opinions politiques les plus divergentes. Elle parlait peu mais savait écouter...Très vite elle incarna pour tous un idéal.

Danielle c'était aussi le courage et le dévouement :

Au camp, elle consacre toute son énergie à soigner, à soutenir physiquement et moralement ses compagnes de souffrance dans un altruisme qui l'animera jusqu'à la mort. Elle s'est jeté dans la lutte pour la sauvegarde des malades. avec une volonté inouïe, méprisant fatigue et danger.

Elle ne se rendit jamais. Elle entrait dans les blocks pleins de vermine et se penchait sur le délire des typhiques et des moribonds. Elle devint plus rude, plus silencieuse, plus ferme encore. Ses yeux semblaient désormais scruter le lointain, comme s’ils voyaient seulement le but à atteindre.

Atteinte du typhus, elle a de la fièvre mais ne veut pas se coucher. Elle sait avec quelle impatience ses camarades l'attendent le soir. Une phrase affectueuse en Français alors que tout le long du jour on est assourdi par des vociférations en allemand cela donne du courage, un peu d'espoir. C'est pour cela qu'elle domine sa propre fatigue.

Mais chaque jour de nouvelles victimes meurent dans ses bras et Danielle ne peut plus le supporter : «  Elles meurent toutes, mon coeur est un cimetière. Tu diras aux amis que moi aussi je suis morte pour la France, comme Politzer et Cadras « 

Puis ce fut le délire, elle ne disait plus que maman !, maman !, ses grands yeux se sont perdus, quelque part dans les profondeurs, et le voile noir a recouvert ses paupières.

L’obscurité descendait sur le camp lorsque ses compagnes l’ont portée sur son dernier chemin. Elles étaient venues en grand nombre avec la complicité des doctoresses et des infirmières pour contempler une dernière fois leur amie. Des ouvriers polonais avaient amené des linges propres, des feuillage et des lilas. Danielle reposait sur un drap blanc, recouvert d'une couche de lilas odorants, le visage rayonnant, serein. Les bouches restèrent muettes et les yeux secs, mais les cœurs saignaient, révoltés. Il s'est passé alors une chose incroyable, qu'on n'avait jamais vu encore à Auschwitz, et qu'on ne vit plus jamais : un cortège funèbre se forma derrière le brancard fleuri, et suivit le corps de Danielle Casanova à travers tout le camp jusqu'au crématorium. La nuit s’approcha. Dans le silence du camp, le bruit des moteurs devint un grand cri déchirant. Les nazis avait fauché sa vie elle avait à peine 34 ans.

Au lendemain de la guerre, sa mère Hyacinthe Perini s'est rendu à Auschwitz à l'ouverture du camp et y a ramassé des cendres qui reposent désormais dans ce bloc de granit.

Je concluerai avec ces mots de Paul Antoine Luciani : "Lumineuse, patriote, féministe, humaniste, communiste, enfin universelle  sa figure restera dans les mémoires comme un symbole du dévouement absolu. Elle nous a transmis  certains  secrets de grandeur  qui peuvent   instruire les jeunes générations, éveiller leur conscience, et les aider à devenir des femmes et des hommes véritables."
 

Ils ont voulu l'anéantir ils l'ont rendu immortelle.

 

Jean- Guy Talamoni, Président de l’Assemblée de Corse

 

Hommage à Danielle Casanova. Piana, le 9 mai 2018

Cette année encore, nous voici réunis à Piana pour honorer la mémoire de Danielle Casanova, mais également pour méditer un instant sur l’héritage spirituel que la Résistance nous a légué.
Dans l’un de ses plus beaux poèmes, Robert Desnos s’étonne de l’étrange et radicale conversion de l’homme, épris de paix, qu’une situation d’une dureté exceptionnelle conduit à la révolte :
« Ce cœur qui haïssait la guerre, nous dit-il, voilà qu’il bat pour le combat et la bataille! (…) Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères ».
Et si pour le poète le lieu de cette métamorphose étonnante est le cœur, c’est que ce dernier n’est pas seulement le siège symbolique de l’amour, mais aussi celui de la justice et du courage. Quant à l’appel de la liberté, il est l’opérateur de ce bouleversement intime, personnel, mais aussi collectif. Le « seul mot Liberté » nous dit Desnos. Un mot cher à tous les résistants. Celui qu’Eluard écrit « sur ses cahiers d’écoliers » ou « sur les lèvres attentives ». Celui que chante le partisan italien de Bella ciao. Celui que l’on retrouve sous toutes les plumes insurgées, et ce dans tous les idiomes. Celui que l’on entend, en langue corse, dans le Chant des maquisards de Simon Vinciguerra ou dans A Sampiera de Jean Nicoli et Tony Ogliastroni. Dans bien des vers écrits ces dernières décennies, également.
Hier comme aujourd’hui, il demeure l’un des plus beaux vocables, dans toutes les langues. Et comme le mot bonheur, sa valeur décuple lorsqu’on en est privé.
Cette métamorphose étonnante que nous évoquions à l’instant, puissent les nouvelles générations ne jamais la connaître. Mais elles doivent pour cela retenir les enseignements du passé, elles doivent chérir et défendre la liberté à tous les instants de leur vie. Car celle-ci n’est jamais un acquis.
Aujourd’hui dans le monde, nombreux sont les pays où elle est radicalement niée, humiliée, piétinée. En Europe même, elle se trouve à nouveau menacée et notre vigilance doit être de tous les instants.
Pour que nos enfants n’aient pas un jour à connaître la terrible conversion décrite par Desnos :
« Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille ! Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine. Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent, Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne, Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat. »
C’est, je crois, par-delà leur témoignage, un appel à la vigilance que nous adressent, inlassablement, Danielle Casanova et tous ses camarades.
Vi ringraziu.

Président de la collectivité de Corse, représenté par Madame Véronique Arrighi

 

 

Secrétaire Général de la préfecture de Corse

 

Cérémonie d’hommage à Danielle CASANOVA
9 mai 2018

M. le député,
M. le président du conseil exécutif,
Mme le maire,
M. le sénateur,
Mesdames et messieurs les amis de Danielle CASANOVA,
Mesdames, Messieurs,

C’est avec une grande émotion que je suis parmi vous pour la première fois un 9 mai, ici à Piana, dans le village dont était originaire Danielle CASANOVA.

Elle était votre parente, votre amie, votre camarade. Par son histoire, par son sacrifice, elle est devenue plus que cela : un symbole, celui d’une femme debout pour refuser la barbarie et pour résister.

Très tôt engagée pour défendre son idéal, elle a joué un rôle déterminant dans l’organisation du tout nouveau parti communiste français dans les années 1930.

C’est presque naturellement qu’elle a ensuite prolongé son combat, une fois survenue la défaite. Elle rejoint ces hommes et ces femmes venus de tous les horizons et de tous les partis. Ces hommes et ces femmes qui étaient prêts à mettre leur vie en jeu au service d’une cause qui les dépassait : la France, la liberté.

Elle sera finalement arrêtée, emprisonnée, puis déportée jusqu’au camp de Auschwitz-Birkenau, dont elle ne reviendra pas. Jamais néanmoins, elle ne renoncera, jamais elle ne s’arrêtera de résister, de militer, d’écrire.

Chère Danielle CASANOVA, je suis fier d’être aujourd’hui parmi vos proches pour vous marquer la reconnaissance de l’Etat et commémorer le souvenir de votre engagement.

Nous ne saurons jamais si nous aurions été capables de faire, comme vous, ce choix total. Nous savons en revanche que nous pouvons nous inspirer de votre exemple, et nous souvenir, chaque fois que l’essentiel est en jeu, chaque fois qu’il faut défendre nos valeurs, que vous et vos frères et sœurs d’arme vous êtes battus pour relever notre pays, défendre la dignité humaine et faire triompher la liberté sur notre continent et dans le monde.

Vive Danielle CASANOVA,
Vive la Corse,
Vive la République,
Vive la France.

Je vous remercie