Boris Taslitsky

Peintre communiste d'origine russe, résistant, Boris Taslitzky est arrêté, s'évade, est de nouveau arrêté. Il peint au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) et à Buchenwald, où il a réalisé 200 dessins © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne © ADAGP, Paris 2012

                    Intérieur camp de Melun, 1940

 

La mort de Danielle Casanova

Enfant de réfugiés russes en France, Boris Taslitzky a été déporté à Buchenvald. Après guerre il séjourna à plusieurs reprises chez Madame Périni, mère de Danielle Casanova à Vistale en Corse. Dans ce tableau il rapproche la Mort de Danielle Casanova (1950), résistante héroïsée, d'une descente de croix

photo mort de danielle casanova resistante

 

En décembre 1943, du fond du cachot 5-2 du camp de Saint-Sulpice dans le Tarn, Boris Taslitzky écrivait : « J'ai vécu une vie splendide. Une vie de luxe. Le luxe, c'est d'être là où pleuvent les coups, lorsque la dignité humaine est en jeu. » Et quelques années plus tard, de retour du camp de Buchenwald, il ajoute : « Si je vais en enfer, j'y ferai des croquis. D'ailleurs, j'ai l'expérience, j'y suis déjà allé et j'y ai dessiné !… » L'Humanité.fr 12 décembre 2005

 

Peinture de Boris Taslitsky lors d'un séjour chez Madame Périni.

On aperçoit sur le perron Madame Périni, mère de Danielle Casanova et Arthur Giovoni, ainsi que deux nièces de Danielle : Marie-Leina lisant et Isaline sur la rembarde.

 

Dessin de Boris Taslitsky pour illustrer la chanson de Danielle

 

 

Boris Taslitzky, fin d'un engagement

Elisabeth LEBOVICI 12 décembre 2005 à 04:56

Auteur de fresques d'inspiration révolutionnaire, le chantre français du réalisme socialiste est mort à 94 ans.

Lorsqu'il entend pour la première fois Aragon parler du réalisme socialiste, au début des années 30, «un rideau s'ouvre» pour Boris Taslitzky, dont le nom reste encore attaché aux permanences picturales du Parti communiste français. Il était né en 1911, à Paris. Entré à l'Ecole des beaux-arts à 17 ans, il avait rejoint l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires en 1933 (qui devient Maison de la culture antifasciste), puis le Parti communiste en 1935, illustrant le premier numéro du journal Ce soir. Les grèves de 1936 sont dans ses toiles. Taslitzky a été un témoin : arrêté en 1941, puis interné à partir de 1943, à Saint-Sulpice-la-Pointe, dans le Tarn, il peint de grandes fresques d'inspiration révolutionnaire sur les baraquements du camp. Déporté à Buchenwald, il dessine plus de deux cents croquis : l'album sera publié grâce à Aragon, en 1946, sous le titre Cent Onze Dessins faits à Buchenwald.

L'engagement politique de Boris Taslitzky, proche de Pignon, Fougeron et Gruber, est indissociable de sa peinture, s'inspirant des références classiques de la peinture d'histoire : il rapproche la Mort de Danielle Casanova (1950), résistante héroïsée, d'une descente de croix. Il se définit comme «portraitiste». Au Salon d'automne de 1951, deux tableaux de lui sont décrochés, sur ordre du préfet de police Baylot. Son opposition à la guerre le conduit en Algérie comme au Chili et au Zaïre. En 1971, il est nommé professeur à l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs et en 1997 il est officier de la Légion d'honneur au titre de la Résistance et de la déportation.

Taslitzky est mort à Paris, dans la nuit de jeudi à vendredi, à l'âge de 94 ans. Il vivait dans l'atelier où il était né, dans le XIIIe arrondissement. Il n'est pas anodin qu'outre le centre Pompidou et le musée des Années 30 à Boulogne, la Tate Gallery de Londres possède trois oeuvres, témoins de l'intérêt porté outre-Manche aux engagements de l'art français.

LEBOVICI Elisabeth